概要 |
"Je ne suis pas démocrate, dit Berdiaev en 1908, car je refuse, du point de vue religieux, le principe de la souveraineté du peuple (narodovlastie). Je ne cherche pas la garantie des droits de la pers...onne (litchnost) dans la volonté du peuple, volonté humaine, mais dans la volonté divine." Pour l'intelliguentsia russe, par contre, le peuple était leur dieu, la souveraineté parfaite du peuple était leur rêve. Berdiaev voit un double mensonge dans l'idée de la "souveraineté du peuple" réclamée par l'intelliguentsia, surtout par les marxistes. Car, premièrement, ce "peuple(narod)" n'est pas le peuple authentique. Deuxièmement, la souveraineté est là confiée à la volonté humaine et arbitraire. Le ""peuple" signifiait la paysannerie pour les populistes (narodniki), le prolétariat pour les marxistes, c.-á-d., il signifiait toujours une classe particulière. Mais pour Berdiaev, le peuple est un organisme mystique, une certaine unité réelle et surhumaine. La volonté authentique du peuple présuppose le peuple en tant qu'unité organique restaurée. On confond trop souvent cette volonté authentique avec la volonté ou le désir empirique du peuple tel quel. La souveraineté parfaite du peuple est incompatible avec les droits de la personne, car elle signifie abandonner la personne et ses droits à la merci de la volonté subjective humaine. Il arrive que la volonté humaine veuille la liberté et le droit, mais il arrive aussi qu'elle ne les veuille pas. Quand la souveraineté est reconnue au peuple, il en résulte inévitablement que toutes les valeurs absolues, y comprise la dignité de la personne,sont estimées selon leur utilité pour l'Etat. On dit que tout ira bien quand le peuple décide son propre destin, et on aspire à la réalisation de la démocratie parfaite afin que tout dépende de la volonté du peuple. Berdiaev refuse ce formalisme. La souveraineté parfaite du peuple n'est autre chose que la déification de la volonté humaine. Cela signifie abandonner l'histoire mondiale complètement aux désirs humains. La différence entre l'autocratie sans restriction et la démocratie sans restriction consiste en ce que la volonté d'un individu est déifiée dans la première, tandis que la volonté de tous les individus est déifiée dans la dernière. La politique doit se baser non seulement sur la volonté du peuple, mais aussi sur la volonté juste du peuple. Non pas la volonté formelle, mais la vérité substantielle doit être mise au fondement de la politique. Il faut trouver cette vérité au-dessus de la politique.続きを見る
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