| Abstract |
Parmi les études sur le XVIIIe siècle, nombreuses sont celles qui portent sur des auteurs et des textes qui exercent encore une influence considérable sur les activités culturelles d'aujourd'hui. Au c...ontraire, peu d'entre elles étudient les conditions épistémologiques qui déterminent à cette époque les productions de textes philosophiques, politiques, économiques, ou scientifiques. Nous pouvons citer pour exemples les ouvrages de Michel Foucault, qui nous donnent un splendide panorama des grandes idées en Europe depuis la Renaissance jusqu'à nos jours, ou encore ceux de Jonathan Crary, qui soulignent clairement l'apparition d'une nouvelle perspective dans les sciences humaines à la fin du XVIIIe siècle. Marchant sur les pas de ces deux géants, nous nous proposons donc d'analyser l'espace culturel de l'Âge des Lumières. Cette approche «topologique» n'est pas sans faire penser à une étude météorologique qui viserait à mesurer les conditions atmosphériques en tenant compte des mouvements de l'air dans la mesure où, dans les deux cas, on recherche des objets invisibles. Au XVIIIe siècle, le cadre épistémologique est fondé sur la visibilité, qui confère aux discours et énoncés des fonctions représentatives fort claires. Inutile de souligner le fait que cette perspective se développe d'une manière transdisciplinaire dans divers domains comme la littérature, le théâtre, la philosophie ou la médecine. Mais à la fin du XVIIIe siècle, ce système atteint ses limites pour laisser la place à un nouveau modèle épistémologique qui se développera au XIXe siècle : l'important dans ce nouveau système n'est plus la visibilité mais plutôt l'invisible. Loin du mythe de la visibilité, selon lequel un regard clairvoyant pourrait pénétrer au fond de n'importe quel objet, nous arrivons au XIXe siècle à un paradoxe : c'est le vide qui fonde l'existence des objets, comme le zéro fonde l'ensemble du système mathématique.show more
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Export Mendeley
p063